Les limites de l'évolution du parasismique
Nous avons montré dans la partie précédente les différentes techniques pour limiter les dégâts matériels et humains avec les différents moyens parasismiques. Cependant plusieurs problèmes se posent, tant au niveau de la construction qu’au niveau de la prévention.
1)Le Coût
Le coût est un frein dans l'évolution de la construction parasismique. Tous les pays ne sont pas en mesure d’investir dans ces moyens. Pourtant les séismes touchent plus de 75 pays. Si l’on prend l’exemple de la Californie aux Etats-Unis, le coût du renforcement des bâtiments et de la construction de nouveaux bâtiments suivant la réglementation parasismique équivaut à 100 milliards de dollars. Au Japon, à Tokyo en particulier, où le risque de séismes est le plus important, la zone de couverture n’est que de 15%. Le prix du contrat sismique est si élevé que le Japon mise beaucoup sur la prévention, l’éducation et les indemnisations en cas de pertes.
2)La Magnitude maximale supportée.
Le second problème qui se pose est la magnitude. Les bâtiments ne sont pas créés pour résister à une intensité élevée, mais uniquement à éviter un maximum de dégâts. Le tremblement de terre n’est pas ressenti en dessous d’une intensité 3. Lors d’une intensité 4, la vaisselle bouge. A 5, les armoires bougent et les objets tombent. Si en dessous d’une intensité 6 les dégâts sont mineurs, à partir de 6 les immeubles commencent à se fissurer. A 7, les dégâts commencent à devenir importants. A une intensité 8, les maisons en très mauvais état commencent à se désagréger. A partir de 9, on estime qu’un séisme détruit tout ce qui est construit, bien que les bâtiments possèdent déjà des fondations parasismiques. Même si l’on réunissait tous les moyens de protection parasismique, la construction ne supporterait pas un séisme de magnitude 9. Les matériaux et les structures que nous utilisons actuellement ne sont donc pas assez résistant pour supporter les séismes à forte intensité.
3) Les ondes L
Les ondes L sont des ondes tardives de forte amplitude. Elles sont à l’origine des principaux dégâts et ne se déplacent que dans les couches superficielles du globe. Elles sont, contrairement aux ondes P et S, très difficiles à modéliser. Leurs déplacements sont très complexes. Les mouvements sont à la fois verticaux et horizontaux. On ne peut pas créer des bâtiments parasismiques pour empêcher les dégâts des ondes L vu qu'on n'arrive pas à les modaliser. C'est un grand frein dans l'évolution de la construction parasismique.
4) La prévention de séismes
On ne peut pas éviter les séismes, on ne peut pour l’instant qu’en limiter les conséquences. Mais les prévoir, avec précision du moins, reste encore impossible.
Les scientifiques ne font pas de prédication précise mais déterminent le risque sismique, qui constitue une forme de prévention à long terme. Ils étudient la récurrence et la périodicité des séismes à certains endroits, comme en Turquie où l’on est capable de prévoir un violent séisme susceptible de détruire une grande partie de la ville d’Istanbul. En fait, les zones à risques potentiels sont celles qui présentent des lacunes sismiques, c’est-à-dire qui ont été touchées par des séismes dans le passé de façon régulière mais qui n’ont subi aucun séisme depuis un certain temps.
On utilise des satellites GPS qui permettent de mesurer les mouvements relatifs des bords de la faille, au cm près.
Ces méthodes sont efficaces mais ne permettent pas une évacuation de la population. Aussi les scientifiques évaluent le risque sismique en fonction du type de sol. De manière générale, il est défendu de construire :
-sur les bords des versants escarpés
-à proximité des failles actives
-sur des terrains meubles (sur les berges, les rivages…)
-sur des sols en pente
-au bord de falaises.
Il existe une autre méthode, à court terme cette fois-ci, pour prédire un séisme : repérer les signes précurseurs du séismes. Des scientifiques soviétiques ont remarqué dans les années 60 que la vitesse de propagation des ondes P diminuaient soudain de 10% tandis que celle des ondes S restait constante puis elle retrouvait sa valeur initiale. Cela signifie que le séisme était imminent. Cette méthode apparemment efficace a suscité beaucoup d’espoir mais elle ne s’est pas avérée fiable : le phénomène n’est pas systématiquement observable. On compte de nombreuses techniques de prévention d’un séisme mais aucune n’est capable de le prévenir avec précision. L'impossibilité de prévoir les seismes empêche l'évacuation des populations et ainsi en résulte des pertes humaines. C'est donc un frein dans l'évolution des moyens techniques permettant de limiter les dégats des séismes.
Les moyens parasismiques ne sont donc pas à la portée de tous les pays bien qu’ils soient importants pour limiter un maximum de dégâts et de pertes humaines. De plus, même si les pays possédaient tous les moyens, les édifices ne résisteraient pas à un séisme dont l’intensité dépasse le niveau 9. Quant au fait de prévoir les séismes, il est actuellement impossible de les prédire avec précision. Pour prévoir des séismes, seuls quelques moyens existent mais à très courts termes, ce qui ne permet pas d’éviter les dégâts. Les constructions autrefois appelées antisismiques sont appelées maintenant et à juste titre parasismiques.